Je suis une cavalière.     by Ayci

Tout a commencé lorsque j'avais trois ans par une balade, puis deux, puis trois, puis ça ne s'est jamais arrêté. Tout a commencé au Centre Hippique de Mougins, avec ce même rêve que peuvent avoir les cavalières: avoir un jour mon cheval. J'y ai passé des journées entières, j'y ai vécu mes plus belles victoires comme mes plus belles défaites. Défaites oui, car ce qui est compliqué dans l'équitation c'est que chaque jour est différent, c'est un peu comme la loterie, on ne sait jamais ce qu'il va arriver. Une impression qui laisse croire que le bonheur laisse place au desespoir. Mais, un jour on tombe, puis le lendemain on remonte. Puis on continue, et on ne s'arrête jamais , car c'est une passion tellement forte, tellement prenante et dévorante qu'elle nous hante. Elle nous prend du temps, de plus en plus de temps, des matinées, des après-midi, mais aussi des nuits. Mais rien ne nous effraye. Prête à dormir sur les couvertures dans la paille, à boire l'eau d'un tuyau, à manger du pain dur, à patauger dans la boue, à sentir le poney, à être sale de la tête aux pieds. Aller faire les magasins habillée en tenue de cavalière, et alors?

Je suis une cavalière parce que je sais ce que c'est que l'apophyse zygomatique, parce que je sais que la fourchette, la salière et l'assiette ne sont pas des ustensiles de cuisine, que le taxi n'est pas une voiture et que gorgette n'est pas ma voisine. Parce que je suis capable de me lever à 4h du matin pour aller embarquer mon cheval et partir en concours, alors que me lever à 7h le matin pour aller travailler me semble aussi difficile que de gravir l'Everest. Parce que j'ai entendu, tout comme toi, ma coach crier des milliers de fois "enlève la peau de saucisson que tu as devant les yeux", "regarde pas par terre, s'il y avait un billet je l'aurai déjà ramassé", parce que toi aussi tu as eu peur de cette menace ultime que l'on t'enlève la selle ou le filet. Parce que toi aussi le jour où tu as eu ton premier tapis, ta première selle, tes premières bottes, ta première bombe, tu aurai volontier dormi avec. Parce que tu as déjà dormi habillée en tenue de concours pour pas avoir à t'habiller le lendemain (oui oui, je l'ai fait!). Parce que tu as déjà passé une heure à courir derrière ton cheval qui s'est échappé, avant de l'embarquer pour partir en concours et que tu es persuadée qu'il l'a fait exprès parce que tu n'étais pas assez stressée. Parce qu'avoir les pieds pleins de boue, les mains pleines de graisse, les cheveux pleins de paille, les chaussures pleines de copeaux ça ne nous fait pas peur. Parce que toi aussi tu dis espérer que tes enfants ne voudront pas faire du cheval mais qu'au fond tu en meurs d'envie. 

Parce que l'équitation pour moi, c'est le plus beau sport qui puisse exister.

Je suis une cavalière.